Un cygne glissait sur le cristal émietté
D'un lac d'au claire, murmurante et scintillante
Aux reflets sombres et ambrés d'un soir d'été,
Un été chaud propice aux amour sautillantes.

Une douce brise caressante et si fraîche
S'étalait lentement, languissante et légère.
Presque monotone, elle effleurait la terre
Et apaisait broussailles, pins et herbes seches.

Il était immobile et il allait pourtant
Se laissant emporter par le frémissement
Et les ondoiements du vent toujours inégal
Qui berçait les roseaux, les oies et les cigales.

Le soleil, tout doucement, rallongeait les ombres,
Glissait timidement d'une infinie douceur.
La derniere lueur illuminait les fleurs,
Étoiles éclatantes d'une terre sombre.

Il releva la tête, tendit son long cou
Et vit les rayons s'éteindre d'un coup.
Sa très large queux e déploya amplement,
Ses longues plumes amplifiant ses tremblements.

Longs silences, bruissements altérés,
Astre d'une froideur désespérée,
Lune seule, veuve recluse mais...
Plus jamais de joie... Oh non plus jamais...

Son coeur sondait l'obscur et cherchait sa lumière ;
Son amour tonna alors comme une prière
Dite au milieu des cierges que sont les étoiles
Et il repoussa, farouche, le terne voile.

Il cacha sous son aile sa tête et son âme.
Ses pensées allaient à sa blanche et belle dame ;
Elle remplissait son coeur de mélancolie ;
Et dans l'air d'été cet être aimant s'endormit.